INTERVIEW
Thierry Tauleigne
Thierry Tauleigne, président du Comité Ardèche de la FNCTA, souligne l’importance du théâtre amateur et du soutien des institutions. Un grand merci au Département de l’Ardèche pour son engagement fidèle. Plus que jamais, l’appui des élus est essentiel pour faire vivre la culture, notamment à travers les actions menées par la FNCTA sur notre territoire.
BONJOUR, POUR COMMENCER POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ?
Je m’appelle Thierry Tauleigne. Je suis coordinateur de l’action théâtrale et du spectacle vivant au sein de l’association Les Pièces Montées, au Teil. Cela fait maintenant 28 ans que j’y suis engagé, et l’association fête ses 30 ans cette année.
LES PIÈCES MONTÉES EXISTENT DEPUIS 30 ANS, POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR L’HISTOIRE DE L’ASSOCIATION ?
L’association est née d’une rencontre : celle de Tony Billotta, le premier président — une figure bien connue du milieu associatif au Teil, puisqu’il a créé de nombreuses associations autour de la culture, de l’aide aux devoirs ou encore de la lutte contre l’illettrisme — et d’Esther Gaubert, une comédienne professionnelle.
À cette époque, il n’existait aucune structure théâtrale sur Le Teil ou dans les environs, et Esther avait très envie d’en créer une. Ensemble, ils ont donc fondé l’association en avril 1995. Esther a été la première intervenante, elle est restée un an, puis les choses ont évolué… et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à prendre une place plus importante.
Au tout début, en avril 1995, il n’y avait qu’un seul groupe qui réunissait ados et adultes. Nous avons monté un premier spectacle au mois de juin, que nous sommes allés jouer dans toutes les fêtes d’écoles de la commune. Ça a permis de faire connaître cette toute jeune association. Ensuite, à la rentrée de septembre, une vraie dynamique s’est lancée : nous avons créé un groupe enfants, en plus du groupe ados/adultes. Esther animait ce dernier, et un autre intervenant s’occupait des enfants. La première année scolaire s’est déroulée avec un spectacle de fin d’année et, petit à petit, de nouveaux projets sont venus se greffer, notamment des interventions dans les écoles et auprès du Greta.
À la fin de cette année scolaire, Esther a souhaité arrêter. En septembre 1996, nous avons donc embauché un comédien professionnel (Eric Proust) venu de Grenoble pour lui succéder. À ce moment-là, nous avons séparé les groupes : les adultes d’un côté, les ados de l’autre. Mais en cours d’année, son emploi du temps ne lui a plus permis de continuer tous les groupes. En janvier 1997, j’ai donc repris l’animation des ateliers ados. Le spectacle était déjà choisi, je me suis occupé de toute la mise en scène.
En septembre 1997, nous avons recruté une nouvelle intervenante pour l’atelier adultes, Carole Naïmo, de Saint-Montan, qui est restée plusieurs années. Pour ma part, j’ai repris cette année-là les ateliers enfants et ados, et en avril 1998, j’ai signé mon premier contrat à temps plein avec l’association.
Depuis le début, j’étais moi-même dans la troupe, en tant qu’élève. Très vite, la metteuse en scène de l’époque m’a pris sous son aile, car elle voyait que j’avais envie d’aller plus loin et que j’avais déjà une certaine expérience du théâtre. Je l’ai donc suivie partout, notamment lorsqu’elle animait des ateliers au Greta. Elle m’a formé sur le terrain, en me montrant comment animer un atelier. C’était une véritable transmission, très enrichissante. Les intervenants suivants ont fait de même. J’avoue que j’ai eu beaucoup de chance dans mes rencontres.
POURRIEZ-VOUS NOUS PARLER DU FONCTIONNEMENT DE LA TROUPE ?
Aujourd’hui, nous sommes deux salariés à temps plein dans l’association : moi, et Élodie Robin. Élodie gère surtout la partie technique et administrative, mais elle intervient également dans les écoles en tant qu’animatrice périscolaire, au sens large. Elle prend aussi la direction de certains centres de loisirs, un rôle que j’assure moi aussi sur certains accueils. Finalement, ça me donne pas mal de casquettes !
Notre objectif est vraiment de faire entrer le théâtre et plus largement la culture dans des structures où ils n’avaient pas forcément leur place au départ. Nous proposons des ateliers pour les enfants, les adolescents et les adultes au sein de l’association. En parallèle, nous intervenons dans les écoles — maternelles, primaires, collèges — aussi bien sur les temps scolaires que périscolaires. Nous menons également des actions dans des maisons de retraite, des associations diverses, des centres sociaux, ou encore des MJC.
Côté programmation, nous organisons des spectacles jeune public à chaque période de vacances scolaires, et deux représentations durant l’été. Nous avons aussi deux festivals :
• Les Hivernales du théâtre amateur, notre festival d’hiver, qui se déroule sur un week-end de trois jours où nous accueillons plusieurs compagnies et leurs spectacles.
• Les Estivales du théâtre amateur, notre festival d’été, qui s’étend sur cinq semaines, chaque vendredi soir, avec une troupe différente à chaque représentation. Deux spectacles jeune public sont également programmés les après-midis.
Il s’agit essentiellement de spectacles amateurs, sauf pour le jeune public où nous faisons souvent appel à des compagnies semi-professionnelles ou professionnelles, car il est difficile pour les troupes amateurs d’être disponibles sur des horaires en journée et en semaine pour toucher les écoles et accueils de loisirs.
Au Teil, nous proposons deux ateliers enfants : un pour les plus petits (maternelles-CP) et un pour les enfants du CE au CM. Nous avons aussi un atelier ados pour les collégiens et lycéens, ainsi qu’un atelier adultes. Cette année, tous ateliers confondus, nous comptons environ 70 adhérents.
Nous proposons aussi ponctuellement des formations sur des week-ends autour de thématiques spécifiques. Nous faisons notamment beaucoup de formations en maquillage pour enfants, car nous intervenons sur des événements comme les carnavals, les fêtes d’écoles ou les marchés de Noël. Nous essayons de développer un groupe de maquilleurs formés et disponibles.
Pour la saison prochaine, nous souhaitons mettre en place des formations autour de la création de décors à partir de carton et de matériaux recyclés. Il nous arrive aussi d’organiser des stages plus centrés sur le théâtre, par exemple autour de la voix ou d’autres aspects artistiques.
Toutes ces formations « annexes » sont ouvertes à tous, tandis que les formations purement théâtrales sont parfois réservées aux membres de l’association. Par exemple, la saison dernière, un intervenant en improvisation est venu travailler avec chacun de nos ateliers.
QUEL EST VOTRE RYTHME DE CRÉATION ?
Chaque atelier donne lieu à une création par an. Du côté des adultes, certains ont souvent envie d’aller plus loin, alors on monte des projets annexes, en plus petits groupes, qui viennent s’ajouter à l’atelier hebdomadaire. Il arrive donc que certains participants soient impliqués dans deux, voire trois projets sur la même année.
Avec les adultes, ce sont des projets qui peuvent s’inscrire dans la durée. Le spectacle de fin d’année, par exemple, peut déborder sur l’année suivante, car on a envie de le rejouer plusieurs fois. Les projets annexes, eux, sont pensés pour durer deux, trois, parfois quatre ans — tant qu’on peut les faire tourner et continuer à les faire vivre.
QUELS SONT VOS PROJETS EN COURS ?
Pour cette fin d’année, nous sommes en train de monter Antigone de Jean Anouilh. C’est une pièce symbolique pour nous, car c’est l’une des toutes premières que l’association a montées, lors de la saison 95-96. Trente ans plus tard, ça crée une belle boucle. Ce sera bien sûr une nouvelle mise en
scène — à l’époque, ce n’était pas moi qui l’avais dirigée — et une toute nouvelle distribution. Cela me permet aussi de proposer ma propre lecture de cette œuvre. La première représentation est prévue au Teil, au mois de novembre (la date reste à confirmer). Ce sera une soirée spéciale,
estampillée 30 ans de l’association, avec une entrée gratuite pour marquer l’événement. Ce sera d’ailleurs le dernier rendez-vous anniversaire de cette année.
À côté de ça, nous avons toujours le spectacle Histoire de couple sous le coude. Pour l’instant, aucune date n’est fixée pour le rejouer, mais si des opportunités se présentent, on le remettra en route.
Nous continuons aussi à faire vivre Du coq à l’âme, un spectacle créé l’an dernier à partir de textes de chansons de Linda Lemay que nous avons théâtralisés. Nous allons le rejouer début mars et l’objectif est de le faire tourner encore un peu tout au long de cette année.
Enfin, pour l’atelier adultes de cette saison, nous préparons une comédie de Jean-Pierre Martinez intitulée Apéro tragique à Beaucon-les-Deux-Châteaux. La première aura lieu en ouverture de notre festival d’été, Les Estivales, puis nous rejouerons quelques jours plus tard à Joyeuse, dans le cadre des Mardis du théâtre.
En général, les enfants jouent leur spectacle de fin d’année une seule fois, devant leurs familles. Quant au groupe ados, on essaie de créer des échanges avec d’autres groupes. L’année dernière, par exemple, nous avons organisé un échange avec les Sauvageons de la Troupe Sauvage de Bourg-Saint-Andéol, et on prévoit de remettre cela en place cette année. C’est un échange très enrichissant, car chaque groupe peut jouer son spectacle deux fois et, en plus, chaque troupe accueille l’autre dans son propre lieu.
Avec les jeunes de Bourg-Saint-Andéol, nous avons aussi un autre projet commun porté par le comité Ardèche de la FNCTA : le parcours Shakespeare. Il s’agit d’un groupe de 18 ados, certains membres de troupes, d’autres non, mais tous viennent de l’Ardèche. Nous préparons un spectacle sur une thématique autour de Shakespeare, que nous présenterons au festival de Tournon-sur-Rhône, organisé par le Théâtre du Sycomore cet été. Nous y passerons une semaine entière, avec des ateliers de théâtre, des rencontres avec d’autres troupes et des spectacles à découvrir. Ce sera une immersion complète dans le festival. Ensuite, ce spectacle sera à nouveau joué en septembre, lors des Rencontres Ardéchoises à Aubenas, un festival de théâtre amateur organisé par le comité Ardèche de la fédération. Les jeunes auront la chance de vivre ensemble tout un week-end, au rythme du festival.
POUVEZ-VOUS NOUS DIRE QUELQUES MOTS SUR LES DIFFÉRENTS ÉVÉNEMENTS ORGANISÉS POUR CETTE OCCASION ?
Notre premier grand événement a eu lieu dans le cadre des Hivernales du théâtre amateur, les 7, 8 et 9 mars. À cette occasion, nous avons offert une représentation de Du coq à l’âme le samedi à 14h00, ouverte à tous.
En amont du spectacle, nous avons organisé un apéritif dînatoire pour réunir les anciens membres de l’association, nos partenaires et les élus. C’était un moment convivial, une belle occasion de célébrer ensemble ces 30 ans d’histoire. Bien sûr, nous n’avons pas pu rassembler tout le monde, car en trois décennies, de nombreuses personnes ont contribué à la vie de l’association !
Un autre événement, plus intimiste, est prévu cet été. Il sera réservé aux anciens présidents de l’association. Lors de la dernière soirée des Estivales, nous leur offrirons un repas-spectacle, avec un humoriste invité spécialement pour l’occasion. L’idée est de rassembler autour d’une même table toutes celles et ceux qui ont porté l’association à différentes époques, en espérant qu’ils puissent tous être présents. C’est notre manière de les remercier pour leur engagement et leur
investissement, car si l’association est encore là après 30 ans, c’est aussi grâce à eux, à leur passion et à leur détermination.
Un autre grand événement est prévu le dimanche 19 octobre : un loto spécial 30 ans ! Mais pas n’importe quel loto… Celui-ci aura une thématique culturelle. Bien sûr, il y aura des lots classiques comme dans tout loto, mais nous avons aussi prévu de nombreuses récompenses en lien avec la culture : places de spectacle, visites de lieux culturels, voyages (par exemple : au carnaval de Venise),… L’objectif est de célébrer ces 30 ans en mettant en avant ce qui nous anime depuis le début : le partage de la culture.
Nous réfléchissons également à intégrer des interventions scéniques entre les parties, pour rendre l’événement encore plus dynamique et original.
Enfin, nous clôturerons cette année anniversaire avec la représentation d’Antigone au mois de novembre. Ce spectacle, monté en hommage aux débuts de l’association, sera proposé en entrée libre, marquant ainsi le dernier grand événement des 30 ans des Pièces Montées.
AS-TU UNE IDÉE DU NOMBRE DE PERSONNE QUI SONT PASSÉES PAR L’ASSOCIATION ?
J’ai essayé de faire le compte il y a quelque temps, mais j’ai fini par abandonner tant c’était compliqué ! Si l’on parle uniquement des membres de l’association — et non des bénéficiaires de nos actions —, je pense qu’en 30 ans, nous avons accueilli près de 900 à 1000 personnes.
UN MOT POUR TERMINER ?
Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui, à un moment ou un autre, ont fait partie de l’association. C’est grâce à elles que Les Pièces Montées existent encore aujourd’hui et ont pu se développer au fil des années. Je pense que l’association est maintenant bien ancrée localement, et j’en suis très fier.
J’espère que nous nous retrouverons dans 30 ans pour fêter ensemble les 60 ans des Pièces Montées !
