INTERVIEW
Jérôme Orsi
BONJOUR, POUR COMMENCER POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ?
Jérôme Orsi, je suis le vice-président du Théâtre du sol et j’assure depuis cette année la mise en scène des spectacles de la troupe à laquelle j’appartiens depuis presque 30 ans.
POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR LE THÉÂTRE DU SOL?
Le théâtre du sol, c’est une troupe qui vient de fêter ses 50 ans en juin 2024. Elle a été créée par Bernard Dangas en 1974. Elle s’est développée au fur et à mesure puisque maintenant, il y a des ateliers hebdomadaires qui vont du CP aux lycéens et puis une troupe de théâtre adultes amateurs.
On a été adhérent à la FNCTA il y a très longtemps, puis on s’en est éloigné à cette époque-là pour aujourd’hui revenir en raison du départ de Bernard Dangas et du nouveau bureau qui s’est constitué avec de nouvelles orientations de la troupe. C’est une décision commune et qui a pour objectif de pouvoir tourner le dernier petit spectacle que nous avons monté. Ce n’était pas notre volonté avec nos spectacles précédents parce qu’on a des grosses machines, on joue à l’extérieur dans les jardins d’un très beau domaine du 18e. On est très nombreux sur scène, on n’a pas les décors qui permettent d’être bougés, mais là exceptionnellement on a eu l’occasion de créer une petite forme de 1h15 avec peu de comédiens et dans cette perspective là je pense qu’on peut prétendre faire quelques festivals. Nous l’avions déjà fait il y a 25 ans à peu près et on aimerait bien réessayer.
Dans la troupe adulte, on est entre 15 et 20, il y a aussi une trentaine d’adhérents enfants dans le cadre des ateliers. Et pour le “petit” spectacle, on est 6.
QUEL EST VOTRE RYTHME DE CRÉATION ?
Chaque année, nous organisons un grand spectacle en extérieur à la fin de l’année, que nous avons adapté depuis quelques années pour l’inauguration de la saison officielle du théâtre de la ville. Nous sommes basés à Charly, dans le sud-ouest de Lyon, où la municipalité dispose d’une salle depuis une dizaine d’années. Cependant, cette année, il n’a pas été possible d’adapter le spectacle à l’intérieur, car il était vraiment conçu pour être joué en plein air. Ainsi, nous avons décidé de créer un petit spectacle spécifiquement pour l’occasion.
On ne travaille que des textes d’auteurs issu d’un répertoire très varié; on a par exemple monté Le mariage de Figaro, plusieurs Molière, Shakespeare puis on a joué également Wittold Gombrowicz, Eugène Labiche, Bertold Brecht… on a une large palette, mais c’est surtout du théâtre de répertoire contemporain ou classique.
On a un metteur en scène attitré donc ça a été Bernard Dangas jusqu’à juin dernier, il a signé sa dernière mise en scène Le songe d’une nuit d’été et aujourd’hui, il est parti à la retraite, donc je reprends la “direction artistique”, mais ce sont quand même des choses qui se font de manière collective ; les costumes, les décors… on fait tout en interne.
QUELS SONT VOS PROJETS EN COURS ?
On a monté La pyramide de Copi, c’est une pièce que le Théâtre du Sol avait déjà montée il y a une douzaine d’années, à l’époque avec une actrice qui a disparu peu de temps après d’une longue maladie et à qui on voulait rendre hommage, elle avait joué ce spectacle dans lequel elle avait été formidable et nous avions envie de lui faire un petit clin d’œil.
C’est une pièce délirante où il est question d’une reine Inca, d’une pyramide, d’un rat, d’un jésuite, c’est une folie scénique.
Nous prenons beaucoup de plaisir en la jouant et on espère que le public, qui est un petit peu surpris par le texte par moments, en prend aussi. Ce week-end, nous avons joué et nous avons eu de bons retours. Souvent, c’est une découverte pour les spectateurs parce que Copi, c’est quand même peu ou pas du tout joué.
C’est dommage parce que ce sont des formes qui sont assez libres, on en fait un peu ce qu’on veut même si on on ne sait pas toujours ce qu’il nous dit, mais on essaie d’avoir un peu de cohérence. Et c’est vrai que ça permet un vrai plaisir sur scène.
Bernard Dangas a insufflé à la troupe une forme d’exigence, on veut monter des textes qu’on considère comme importants donc ça nous a permis de monter Brecht et d’autres auteurs qui sont peu jouer finalement.
On intervient également dans les écoles, on a mis en place un parcours théâtral à Charly, qui consiste à accueillir dans le théâtre les classes de primaires pour leur montrer ce qu’est un théâtre, l’arrière avec la salle où on répète et où sont entreposés nos costumes, nos décors et nos accessoires. Nous pensons qu’en les confrontant dès le plus jeune âge à cet environnement-là, ce sont des spectateurs pour demain. Cette année, on met également en place des interventions dans l’école du village d’à côté. C’est un peu compliqué à mettre en place parce que c’est la troupe qui le fait donc on ne peut pas le faire autant qu’on le souhaiterait, mais on s’astreint à le faire parce qu’on pense que c’est la vocation d’une association dans un village d’être présent aux côtés des acteurs du territoire.
POUVEZ-VOUS NOUS DIRE QUELQUES MOTS DES ATELIERS JEUNES QUE VOUS MENEZ ?
Pendant, très longtemps, c’étaient les comédiens de la troupe adulte qui faisaient les ateliers des jeunes, maintenant ce n’est plus le cas par manque de temps malheureusement. Mais les intervenants qu’on recrute, qui sont là depuis des années, partagent la même philosophie d’exigence et d’ambition. C’est important les ateliers, on partage un certain nombre de valeurs ensemble. Le théâtre ça ne doit pas être une contrainte, ça doit être un plaisir, ils doivent apprendre à être ensemble. On essaie de partager la vision de notre théâtre dans le cadre de la troupe adulte, dans les ateliers.
UN MOT POUR TERMINER ?
Je suis très content d’être de retour à la FNCTA. Pour nous, c’est une nouvelle aventure parce qu’on a changé le bureau; notre metteur en scène, fondateur, président historique est parti, c’est une page qui se tourne. Elle se tourne, mais on reste fidèle aux valeurs qu’il avait mises en place et puis on poursuit l’aventure.
